23/02/23
Se mettre dans les meilleures conditions possibles, tel est l’objectif sans but de la grande pratique zen.
Si l’on y ajoute un but, c’est une « tension vers » qui nous distrait de notre présence réelle à ce qui est.
… (Texte complet au zazen du jeudi soir)
Une question m’a été très justement posée : peut-on aimer volontairement ? si oui ! comment fait-on ?
Maître Dogen dans le « Shôbôgenzô » a développé un chapitre « shinji gakudo », pratique de la voie avec son corps et son cœur.
Il ne dit pas : avec son corps et son esprit, mais avec son corps (tous les moyens d’observation) et avec son cœur (capacité d’apprécier, d’aimer ce qui est perçu)
Et il dit « l’éveil restera fort lointain tant que l’on n’étudie pas ». Il écrivait cela en écho à ce qu’il avait lu des sûtras: « tous les êtres sont originellement de même nature que l’éveil ». Alors pourquoi étudier ?
Aller au cœur des choses …
… Oui ! nous sommes bien des êtres conditionnés par une causalité implacable, donc sans libre-arbitre et donc ainsi… déterminé !
Mais déterminé à quoi ?… A être UN avec tout ! c.à.d. amour absolu, éveil !
Oui mais, voilà ! (Nos fameux « oui ! mais !?! »)
Nous voudrions choisir : à être libre, nous préférons vouloir être libres !
Vouloir donc maîtriser la vie que l’on ne connaît pas. Nous n’avons pas fabriqué la vie, nous la recevons ! Se faisant, les montagnes ne sont plus des montagnes et les rivières ne sont plus des rivières mais des choses extérieures qu’il nous faut maîtriser pour nos finalités.
Se mettre dans la meilleure condition possible pour aimer, c’est :
Ne plus se soumettre à aucune finalité extérieure, en s’étudiant soi-même jusqu’à l’auto-déploiement de notre cœur, au cœur de tout ce qui est là, maintenant.
Philippe