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Que gagne-t-on à courir après son ombre ?

— Que gagne-t-on à courir après son ombre ?

03/06/21

Que gagne-t-on à courir après son ombre ?

Et pourtant les concurrents à cette perte de temps sont pléthores à vouloir y briller !

Le juste contraire à cette préoccupation d’ignorance, est d’être silencieusement lucide en sa présence, sans pensée, sans mémoire et sans attachement.

Demeuré au centre de son centre, être le moyeu de la roue (Bouddha), être l’œil du cyclone en plein milieu de toutes ses nécessités se déroulant dans des frottements circonstanciels.

Le véritable « agir » se structure par une intense présence à soi.

Les ingrédients en sont ; être en alerte, courageux et constant.

Sans pensée, car c’est uniquement une réponse nécessaire, donc évidente et intuitive qui traverse mes capacités.

Sans mémoire (affective), car mon corps sait mieux que mon cerveau ce qu’il faut produire pour s’adapter au mieux dans le contexte qui s’offre.

Et sans attachement, car si je reste collé à ce qui s’est produit, je ne suis plus disponible à ce qui advient.

C’est détourné de ma cause première d’être que j’en viens à m’identifier par le cumul de mes expériences !?! Que gagne-t-on à courir après son ombre !?!

Tant d’innombrables vies qui ont déjà trépassé sur cette nano-planète ! Ne voyons-nous toujours pas que nous jouons qu’avec nos idées, les yeux rivés dans nos luttes d’enclos.

Et si simplement nous commencions par lever la tête pour nous ajuster dans l’infini intemporel qui constitue notre présence.

Est-ce qu’après cela nous sommes encore capables de revenir à nos combats stériles d’appropriation et d’enfermement ?

Sommes-nous donc des « Don-Quichotte » embarqués sur une monture osseuse et déglinguée appelé « ego » ?

Nous ne savons toujours pas vers où et vers quoi nous courrons depuis tant de générations…

… et c’est souvent la fatigue, puis la chute qui nous font lever un regard de lassitude vers notre vraie dimension.

Chuter de notre monture est le moment le plus sacré de toute notre vie, à la condition de dépasser toute colère et frustration.

C’est le vortex du retournement possible, surtout si la chute est sévère, se remettre en selle est improbable.

Alors commence un cheminement sans fioritures, en pleine lumière, dans un silence ahurissant ; le sans pensée, le sans mémoire et le sans attachement d’un d’un être qui étreint les étoiles dans un étonnement infini.

Dogen disait «  l’éveillé laboure les nuages et pêche la lune » C.à.d. reconnaît l’insubstantialité des choses et va au-delà des reflets du monde.

Peut-être que nous pouvons descendre de notre monture avant toute chute fracassante… et… s’asseoir tranquillement sur notre terre… et … regarder, s’émerveiller jusqu’à l’intégration à cette extravagante et improbable réalité qui nous actualise.

Bon zazen et à bientôt je l’espère !

Philippe