13/05/21
Avoir un but nous enlise à notre point de départ.
Car attachés à notre connu, nous ne pouvons plus expérimenter le nouveau.
Ceci s’est mis en fonctionnement progressivement par l’idée d’une identité dans ce qui se joue, jour après jour en nous.
L’enfant s’aventure sans aucune pensée ni de lui-même, ni de ce vers quoi son élan de vie le pousse.
Trop vite cette belle innocence va se transformer en conscience séparée par demande et mimétisme des positionnements des adultes.
Malheureusement, devenir culturel c’est très souvent partir à le dérive vers des lieux d’enlisement où des règles de jeux artificielles et réductrices produisent ; comparaison et compétition et donc tensions, peurs, échecs …
Nos ne sommes pas programmés pour le stress ! et pour preuve, tout en chacun de nous aspire au véritable bonheur (durable ! pour le dire comme aujourd’hui)
A la lumière de cela, je m’aperçois qu’il y a deux personnages en nous :
- l’un, social/culturel qui veut se faire connaître (reconnaître dans son groupe naturel ou choisi)
- l’autre, plus secret car sans mise en avant, mais diffusant son essence d’être qui est d’aimer avant même d’être aimé.
C’est trop souvent un mélange ambigu des deux personnages qui nous fait chercher l’estime plutôt que l’adhésion.
Nous sommes même capables de changer nos valeurs pour ce faire – je suis aimé par quelqu’un dont je n’apprécie guère le comportement. A priori, cela ne m’affecte pas… mais si c’est insistant, un glissement par mon personnage social va doucement se produire vers cette reconnaissance qui pourrait faire sens (je me sens reconnu !) et voilà ! je me suis laissé piéger – .
C’est pourquoi la sagesse populaire nous prévient sur tous ceux qui caressent dans le sens du poil.
Je suis piégé parce qu’être flatté entrave ma liberté par tous ses cortèges de calculs et de stratégies qui ne peuvent que partir de ma mémoire se projetant vers un but alimenté par mon connu (la reconnaissance de mon auto-fabrication identitaire)
C’est là l’enlisement, l’enfermement et le détournement de notre véritable raison d’être.
La grande ouverture de notre vie insoupçonnable, c’est quand on met notre personnage social au service de notre personnage absolu… celui qui sait se perdre au dehors de tout repère attendu…avec une adhésion émerveillée et inconditionnelle à ce qu’il vit.
Le bonheur n’est jamais dans un résultat attendu, mais dans la découverte d’un déploiement d’ouverture.
Bon zazen
Philippe.