12/11/20
« Un grand bloc de glace, en fondant, donnera beaucoup d’eau » Maître Shinran
Plus grands sont nos doutes, plus grande pourra être notre compréhension.
Donc pas question de brimer nos envies, nos passions, nos doutes et nos désirs !
Par contre, nous savons fort bien, que les nourrir, c’est en devenir dépendant jusqu’à l’addiction.
Entraver un cheval fougueux peut donner l’impression de calme par son immobilisme, alors qu’il est constamment sur le bord d’une explosion incontrôlable.
Il est beaucoup plus difficile, mais ô combien plus important, de le comprendre afin de l’accompagner dans un doux et ferme dressage pour qu’il puisse transformer toute cette énergie explosive en une énergie de symbiose, d’échange et de sagesse.
Nous avons donc à comprendre nos activités, d’où elles émergent et ce qu’elles cherchent à exprimer.
Notre vitalité nous pousse inexorablement à s’actualiser, soit comme le cheval fougueux, on laisse tout partir dans tous les sens, soit nous cherchons à tout mettre en sa juste place par le travail sur soi par compréhension.
Dans tous les sens, c’est uniquement dans l’espoir d’engranger des expériences qui affirmeraient une histoire que l’on voudrait particulière… Tout cela subordonné à notre mémoire qui produira des pensées, puis des concepts et enfin la fallacieuse croyance en un « Moi, Je… »
Si l’on regarde bien notre sentiment du « Moi, Je » il est gonflé uniquement de souvenirs affectifs peu fiables…
…Ce Moi n’est que mémoriel, mais en soi, dans le présent d’un moment pleinement vécu, il n’y a pas de dédoublement possible, celui qui est ce qui est, et un autre qui regarderait ce qui se passe pour le mettre en mémoire !!!?
C’est pour cela que Maître Dogen dit que s’actualiser dans la grande lucidité du présent, ne peut se faire que par l’oubli du sentiment d’une identité séparée, comme la goutte d’eau qui rejoint l’océan, sa forme a disparu mais pas sa nature !
Bourrés de doutes quant à notre moi mémoriel, les yeux grands ouverts, écarquillés d’interrogations, se donner le courage de cheminer presqu’en aveugle, de vivre son errance jusqu’à être déposés au sommet vertigineux de toutes nos questions…Là où les mots finissent par ne plus avoir de sens.
Décoller notre somnolence de notre regard hypnotisé par nos préjugés et convictions, SORTIR enfin de notre cocon, de notre mémoire/pensées/identité, SORTIR définitivement de ce château de cartes bien difficile à défendre.
Et… et courageusement et stoïquement OSER l’AVENTURE d’ÊTRE PARTOUT et NULLE PART simultanément !
Philippe