Toute la pratique Zen peut se résumer en un seul mot ; DÉTACHEMENT
De quoi ? Et comment ?
Commençons par préciser que c’est l’exact contraire de l’Indifférence, puisque tout attachement, à un phénomène ou à un objet physique ou mental, nous focalise sur celui-ci et nous rend indifférent à tout le reste par manque de disponibilité et donc de clarté.
Camus pense que c’est devenir « provisoire »
Pour Maître Eckhart c’est être « sans Pourquoi »
Et pour le Zen c’est le « Don absolu »
==> C’est-à-dire se détacher totalement de toute représentation de nous même qui obscurcit l’écran du moment.
Comment ?
Démontons le processus de nos attachements. Le principe essentiel que je perçois derrière, c’est la « Valeur » que nous avons artificiellement fabriquée aux instants, personnes, choses et phénomènes par « Comparaison ».
Pas de comparaison = pas de valeur possible = pas d’attachement à ce qui n’est plus là, en moi, dans l’instant qui surgit ! = regard frais et disponible à ce qui se présente, vécu pour ce qu’il porte en soi, sans jugement possible puisque pas comparé.
Toute notre attention étant concentrée à Ce Moment Là, nous vivons en osmose avec le Sans Pourquoi, le sans dedans/dehors, pour rien et nulle part et ceci en totale expansion puisque d’instant en instant ce « détachement continu » nous rend vivant au cœur du vivant.
Camus à donc bien raison de dire que nous sommes éternellement « Provisoires ».
Quels étaient nos « Pourquoi » si bloquants de nos attachements ?
Ils sont notre chemin initiatique dès que notre conscience s’éveille. Nous commençons légitimement par – Pourquoi vit-on ? – et le monde ne répond jamais vraiment à cette question = Négation.
C’est le moment toujours difficile de nos vies qui nous amène à trois attitudes possibles, nous dit le Neurobiologiste Henri Laborit ; l’action ou la fuite ou l’inhibition.
L’action nous mènera à une sorte de révolte qui transformera la première négation en un refus de ce monde par une idéalisation d’un autre monde meilleur qui nous conviendrait mieux (comparaison), j’accuse et récuse celui qui est = Négation
Et ce jusqu’à épuisement dans l’absurde, de cette projection idéalisante et attachante.
C’est alors que je découvre qu’il n’y a aucune autre réalité de moi et du monde que celle que je vis là, maintenant ! Et que je dois donc en passer par ce vortex pour me réaliser.
Ce moment du vortex, ce retournement, c’est « Le Provisoire continu Sans Pourquoi » qui me fait prendre plaisir à l’effort d’ajustement par l’attention.
C’est le OUI du Zen dans la Paix du combat des deux négations.
Soyons donc Zen dans tous nos engagements affectifs et sociaux.
Philippe.