Cette semaine m’a été posé une question sur le rapport du corps visible et de l’esprit invisible – intuitivement je partirai de deux pensées célèbres :
L’ESSENTIEL EST INVISIBLE A NOS YEUX – Antoine de St Exupéry (Le petit prince)
L’INSCRIPTION CORPORELLE DE L’ESPRIT – Francisco Varela (Neurobiologiste CNRS)
Il est vrai pourtant, que l’approche zen conseille de ne pas croire sans voir par soi-même. Mais pour connaître, il nous faut en premier se connaître, afin de regarder le plus justement possible ce qui est vu.
Regarder : porter son regard vers quelqu’un ou quelque chose (Larousse).
Cela se fait de deux manières ; l’une, réactive à un mouvement ou à quelque chose d’inattendu. Et l’autre, active, relevant d’une curiosité.
L’œil et l’objet regardé sont bien visibles, matériels (corps) mais la curiosité et l’information résultant du process « voir », sont immatérielles (esprit).
Cette curiosité, ce désir d’apprendre (esprit) nous fait triompher de l’ignorance des informations de surface (corps) que nous cumulons sans cesse.
Ce que nous pratiquons par la méditation zazen c’est directement se voir, voir notre fonctionnement fondamental, voir ce qui fait que nous voyons, voir en notre esprit, voir sans mettre un seul mot ni, bien sûr, conclure quoi que ce soit !
D’un côté, notre corps et de l’autre, les autres, les objets, le monde et l’univers, l’essentiel est évidemment ce qui se passe entre les deux, et peut-être même ce qui se passe en amont de cela ; d’un côté mon corps et de l’autre mon esprit. Là aussi le plus important est ce qui se passe entre les deux
Le regardant, ce qui est regardé et ce que produit l’action de voir est un ensemble non-séparable.
Ce n’est que par limite du langage et par extension ; les représentations cognitives, que l’inscription en nous d’une séparation artificielle, enracine toutes nos illusions.
Soit, par habitude, j’en fais une dualité, opposant le visible (le corps) à l’invisible (l’esprit- j’entends l’élan vital absolu et non des neurones réagissant à des stimuli.) et par conséquent, je limite l’expression de ma vie aux besoins du corps qui devient uniquement ma seule référence !
Soit, j’en fais une unité réelle (je ne puis actualiser mon esprit qu’à travers mon corps) et j’exprime alors ma nécessité vitale de découvrir, d’ouvrir, d’échanger, de participer et d’aimer (tout ce côté invisible de mon être c.à.d. mon esprit) en incorporant cet esprit dans la simplicité du réel qui s’offre, non-séparant le regardant, le regardé et l’acte de voir = EVEIL !
« Suis-je capable de passer sous la surface du monde des phénomenes physiques et mentaux afin de saisir les causes qui y sont a l’œuvre » Ermite anonyme Tibétain
Philippe