Coussin de méditation sur un tapis de méditation
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3/12/20

— 3/12/20

3/12/20

« L’éternité, c’est vraiment long ! Surtout à la fin ! » Kafka.

Cet humour et joli contre sens résume là toute notre problématique mentale qui ne peut pas s’accorder à notre réalité.

La semaine dernière, nous pointions du doigt l’insubstantialité d’une identité qui serait nôtre. Notre mental ne peut que se circonscrire dans un espace temps clôt, qu’il doit défendre et faire perdurer.

Pour ce faire, il fait un pacte avec la dualité et la causalité afin de justifier qu’il est bien le début, le milieu et la fin de son propre voyage.

Toute notre souffrance existentielle nous dit que l’on fait une grave erreur !

Dans l’excellent documentaire d’ARTE sur « l’odyssée de l’écriture », il y a eu un moment sublime : Un vieil homme marchant à reculons avec un grand pinceau d’un mètre, alimenté par de l’eau, calligraphiait  doucement et gracieusement des idéogrammes sur le dallage de la voirie… ceux-ci s’évaporant très rapidement…   ne déconcentraient pas, pour autant, l’application du vieil homme !

Il faisait œuvre d’art avec l’éphémère !

Inlassablement, il écrivait sa vie sans se soucier de son immédiate disparition !!!

Cet acte là ! Notre mental ne peut pas l’intégrer, car alors, nous n’aurions plus besoin de lui !

En réalité, nous sommes le support infini sur lequel toute vie s’inscrit. A chaque instant de notre conscience, l’écriture du présent apparaît sur ce support. C’est par l’évaporation immédiate de cette production, que notre infinitude se libère ! Et notre seule satisfaction, donc bonheur, c’est d’être concentré et appliqué dans l’intégration du geste de notre quotidien ordinaire nous actualisant.

Or, refusant cette grande réalité, cette gratuité de la vie, nous en sommes venus à tenter de nous écrire avec de l’encre indélébile… et pour les plus malades d’entre nous, nous n’hésitons pas à  vouloir passer à la gravure (ben quoi ! c’est pour la mémoire qui fait l’histoire !!! c’est grave !)

Nous voulons à tout prix (pas moins que le prix de notre liberté) être circonscrits par un début, un milieu et une fin, qui en plus voudraient avoir un sens par rapport à l’éternité que nous refoulons.

A reculons, c.à.d. très intériorisés et sans finalité projetable, concentrés et appliqués, laisser chaque geste/instant s’écrire sur notre absolu, avec une intention qui ne cherche pas à laisser de trace… cette vie qui depuis toujours, s’actualise en fractales d’un ensemble infini… c’est le fond sans fond de la gratuité de notre être ! Ce Fameux Soi s’Expérimentant !

Philippe.