06 01 22
Les vœux sont comme des petites ciselures indiquant des potentiels souhaitables.
Une belle ciselure est précise et offre une lecture claire.
Alors en ces temps de souhaits, je vais tenter de préciser ce qu’est notre pratique que l’on appelle Zen, mais qui devrait se dire « être simplement ».
Être simplement et en toute conscience n’est absolument pas le privilège d’aucune école de pensée, d’aucune chapelle ni d’aucune secte (zen y compris !). C’est même à l’opposé de tous ces lieux qui nous phagocytent.
Par pratique zen en dehors de toute secte, j’entends une pratique de lucidité sans retenue et sans peur nous permettant une immersion dans la réalité sans aucun filtre. C’est donc en dehors de toutes pensées, de tous dogmes et de toutes croyances qui ne sont que des imaginations collectives.
En ciselant notre acuité à sonder nos affects (sans faire de conclusion), nous pouvons nous aventurer au-delà de tous les faisceaux qu’ils tissent et marcher enfin librement dans une sorte d’Unité insondable.
Si nous sommes tous des êtres singuliers dans la pluralité de l’humanité, ce n’est qu’à travers l’intrication de ces jeux de faisceaux qui nous aveuglent en nous constituant en personnages fabriquants de l’histoire.
S’éveiller à sa singularité, c’est ne plus patauger dedans et par un certain recul, se donner la capacité de remonter les causes qui nous font agir.
Si l’infinie expression de la vie s’actualise en chacun de nous, de façon particulière, ce n’est pas pour être coupée de la source vitale par une identification à une particularité quelconque.
Chaque feuille, sur un majestueux chêne, a une situation unique (+ ou – ensoleillée, + ou – exposée au vent …etc.) Mais toutes sont nécessaires à ce chêne pour qu’il perdure dans sa vitalité… à la grande condition que toutes soient reliées à la sève.
Notre singularité est notre chemin pour remonter à notre universalité. Plus nous sondons en nous ce qui nous fait agir dans nos différences et plus nous estompons celles-ci vers l’UNITÉ du vivant qui nous constitue.
C’est ainsi que Je nous souhaite à tous de manière presque banale, « Bouddha, Dharma, Sangha » MAIS…précisons là aussi…
… Bouddha, c’est uniquement ne plus mettre une tête au-dessus de la nôtre, car Bouddha c’est l’éveil à notre seule lucidité sans fin !
Dharma, c’est la grande adhésion dynamique à notre emplacement sur le chêne.
Et Sangha, c’est s’adjoindre, sans comparaison (sans stratégie d’envie et/ou de pouvoir) à toutes les autres feuilles pour Être simplement La Fluidité Vitale qui s’offre à Tout…
… je nous souhaite donc de créer la vie en actualisant ce qui s’offre en nous !
Philippe.