02/10/20
Je meurs de ne pouvoir mourir (St Jean de la Croix)
Sommet inouï de la notion du vivant !
Habituellement la grande question de la mort n’interroge que nos attachements à nos apparences.
C’est comme si, pour traverser le Sahara, nous choisissions un véhicule pour son aspect extérieur. Puis, pour nous rassurer en cette difficile aventure, nous passions notre temps à lustrer la carrosserie.
Inévitablement, c’est bien plutôt le bon fonctionnement mécanique qui nous préoccuperait, puis, évidemment on s’interrogerait sur le moteur, et enfin il nous faudrait descendre à un niveau plus enfoui, quelle qualité d’énergie alimenterait cet ensemble ?
Inversons cette vision : une énergie bien enrichie, sans moteur, ne sert à rien. Un bon moteur, sans transformations des forces, ne sert à rien. De bonnes forces, sans structure cohérente pour actualiser tout cela, seraient encore vaines.
Ce qui veut dire que tout à de l’importance et doit être à sa place pour un bon fonctionnement.
Mon existence formelle et particulière (ma carrosserie) me rassurera que par sa belle efficience, tout comme un outil efficace est beau.
Mon courage, ma détermination et ma constance (mon moteur et mes moyens de transformation) sont-ils au service de mes nécessités du bonheur inné qui est en moi et qui cherche à s’exprimer quoi qu’il arrive ?
Et enfin, est-ce que je fournis la meilleure énergie à tout cela ? C.à.d. la vitalité et l’élan qui sont l’essence même du mouvement de l’être ?
C’est là que nous devons mourir à quelque chose pour ne pas mourir complètement.
Ne plus étouffer nos vies par nos peurs de perdre et/ou de ne pas pouvoir gagner. Ne plus caler sa vie sur sa mémoire trompeuse car fabriquée en partie par nos émotions, ne plus se coller à ses préjugés et attentes… somme toute mourir à notre personnage auto-construit.
Si je n’arrive pas à aller au-delà de cette petite affaire égotique, je me mets impitoyablement hors jeu, et laissé-pour-compte sur le bord de la route, je ne suis plus participant à l’élan du vivant, mais malheureux spectateur conceptualisant désespérément ce qu’il voit à l’extérieur.
C’est finalement quand on met tout à sa juste place, que le bon mélange Absolu/Relatif (être en conscience/quotidien ordinaire) produit intimement/infiniment, l’énergie mutuellement enrichie, permettant l’intégration/immersion à ce qui est … en pleine et entière jouissance d’être !
Il nous faut donc pour vivre cela qui est, ne rien garder (mentaliser), pour ne rien bloquer afin d’apprécier tout ce qui advient à chaque instant.
Philippe.