Coussin de méditation sur un tapis de méditation
État de connexion

01/04/20

— 01/04/20

Le confinement nous a mis, pour ceux qui le désirent, dans un travail sur soi, de sesshin (toucher l’esprit).

Tout comme pendant une sesshin, arrive le moment de la fatigue, ce moment où quelque chose va commencer à bouger en nous. Si, au dehors de notre zone de confort, nous persistons en vigilance et sans commentaire, alors on commence à toucher notre esprit !

Seulement, il nous faut conserver l’équilibre fragile de notre corps, c’est pourquoi je vous envoie quelques exemples de pratique, d’un Qi gong sélectionné en vue de favoriser des méditations activement détendues. (J’aime beaucoup l’humilité, la pédagogie et la gratuité de cette enseignante).

Cette semaine, je vais vous confier quelques réflexions soulevées par des questions sur le bonheur et sa quête possible dans ces moments si difficiles.

Pourquoi le bonheur ?

« Bien qu’éphémère comme tout le reste, il est Le Souverain Bien » Aristote.

Pardon si je n’arrive pas à faire simple, mais je vais m’y appliquer.

 

En Philo, les notions de bonheur sont divergentes jusqu’à Kant qui affirme que celui-ci n’est qu’un idéal imaginaire, et que la raison ne peut, au mieux, qu’exiger la morale.

Le Zen passe au-delà et je vais tenter d’y parvenir en traversant les divergences.

Je vois trois niveaux de bonheur dont deux dans le domaine de la contingence et un dans le domaine de la non-contingence.

  • Contingent – extérieur à soi – matérialiste
  • Contingent – intérieur à soi – éthique
  • Non-contingent – inconditionnel – éveil

Mais et je reste persuadé que l’on ne peut pas opposer ces divergences, elles sont une graduation évidente d’un apprentissage.

Qui n’a pas pour assoir son bonheur, dans son enfance, espéré un objet (représentatif d’un conditionnement qui affirmait ce que l’on cherchait à devenir), nous connaissons tous cette quête, en vain et on le sait par expérience. C’est le bonheur dépendant de quelque chose d’extérieur à soi.

Qui, par la suite, ne cherche pas à donner un sens à sa vie, tout comme Camus nous le disait « il n’est pas possible de penser l’absurde sans tenter de penser du côté du bonheur »

« Penser le tragique est une incitation très forte à vivre la vie » André Comte Sponville.

C’est le bonheur de Kant à Spinoza, de la morale à l’éthique.

Il nous faut apprendre à nous connaître dans nos nécessités pour tramer des relations respectueuses (morale) et aimantes (éthique).

Faut-il que l’autre soit en accord avec cette vision ! et c’est tout le problème des règles morales à faire comprendre et respecter pour devenir des êtres sociaux.

Platon dit   » Tout bonheur en dépendance d’une contingence est un tonneau percé impossible à combler ».

Et Aristote d’ajouter  « le bonheur est une fin en soi et ne peut s’obtenir que par une activité de connaissance et de contemplation « .

Enfin Pascal  » le bonheur ne se prouve pas mais s’éprouve ! « .

Le coté paradoxal, de ces deux premiers niveaux de bonheur, est Le Tragique de Camus qui nous pousse à aller plus loin (le mythe de Sisyphe).

Au-delà il y a la non-contingence c’est-à-dire – Le Relatif qui s’actualise par notre conscience dans l’instant Absolu. Oups ! quoi qu’est-ce ? Véritable saut quantique qui ne peut être que l’implosion de l’impuissance de la raison !

C’est où ? c’est comment ? c’est quoi ? C’est en soi, c’est par le fameux « ne jamais prendre ni abandonner » du Zen, et c’est l’intégration ultime de notre conscience.

Cela dépend que de notre capacité à voir au-delà des apparences sans les ignorer et de comprendre (prendre en soi) leur essence sans s’y attacher.

Sans les ignorer, c’est être capable de voir, de vivre, chaque moment/phénomène sans jamais le comparer à un avant/après ou à un autre. C’est le non attachement qui libère tous nos potentiels pour actualiser exactement ce qui advient.

Sans comparaison et sans attachement notre esprit est alors libéré et voit tout, de manière inconditionnelle !  C’est la complétude de chaque moment ainsi vécu. Voilà Le Bonheur, ou l’Éveil ! Ceci peut se perdre dès l’instant où l’on re-trafique avec une mémoire conditionnée par la nostalgie et l’espoir.

Je finirai par citer André Comte Sponville :

« Si tu espères toujours un peu moins pour toujours aimer un peu plus, tu seras :

  • dans la suspension de « déjà connu » = Expérience du mystère qui est là !
  • dans la suspension du manque = Plénitude
  • dans la suspension du logos = toucher le réel sans concept – Silence
  • dans la suspension de la séparation = il n’y a plus je/me vois mais, être simplement- Unité
  • dans la suspension du passé et du futur = Éternité
  • dans la suspension de l’espoir et de la crainte = Sérénité »

Le bonheur c’est quand Le Mystère et l’Évidence ne font qu’Un, sans pourquoi.

Plus besoin de se savoir aimé, puisque j’aime vraiment !

Philippe